Anarchistes
“La nuit le monde change d'yeux, et nous on zone sans enjeux.
Je suis aux anges en disant que je viens de là où les gens sont dangereux.”
— L'amour du risque, Fonky Family
On parle des vrais de vrais, des cramés, des bandits. On parle de ceux et celles qui luttent, qui vivent les uns sur les autres dans la crasse et qui se bouffent entre eux. Ceux qui galèrent, qui mordent, qui subissent.
On dit parfois que deux anarchistes dans une pièce, c'est déjà un groupuscule. Certains sont pour s'organiser collectivement, d'autres pour qu'on fasse chacun pour soi. Il y en a qui veulent tout foutre en l'air, et d'autres qui veulent l'ordre, mais sans l'autorité.
On trouve des anarchistes partout, pourvu qu'il y ait un grain de pouvoir contre lequel lutter : Au Pays Rouge, occupés à résister à la noblesse de pacotille. Dans la Décapole, à tenir des journaux satyriques tournant en dérision les religions locales. Au Pays Vert, et partout ailleurs, à tenir tête à l'ennemi de toujours, la Fleurengrenage.
Et puis il y a la Cité Violette. Le côté cosmopolite, le ramassis de paumés qui y traînent en font un terreau idéal pour que s'épanouisse les idées d'égalité. Dans la ville, les populations pauvres de toutous y ont été particulièrement réceptives, si bien qu'au fil des années elles ont totalement pris en charge le mouvement. Aujourd'hui, une tête de chien est bien souvent vue comme un signe d'opinions libertaires.
Ces dernières années, l'assise des chats sur la cité s'est cependant faite de plus en plus forte, et le mouvement en a largement pâti. Voici des années que les anarchistes n'ont pas connu de réelle victoire, et qu'ils vivotent en ressassant leur flamboyance passée. On peut les trouver le plus souvent à la Lanterne, à rêver au Grand Soir qui s'éloigne de plus en plus.