Ce grimoire relié d’anneaux de métal recèle une centaine de pages d’un papyrus fin et quadrillé traité avec une résine à l’odeur boisée, probablement pour le protéger de l’humidité. Sa couverture orange en matière souple indéterminée a été marquée à la suie d’un symbole d’équerre.

L’autrice y présente, sous forme de notes illustrées, les grands principes à la base de la Castromancie ebétéenne du second âge telle qu’ils lui ont été enseignés. Cette branche de la discipline considère chaque structure comme un être vivant, pourvu d’un corps, d’une âme et d’une personnalité. Afin que la magie puisse opérer, il convient donc donner vie à l’édifice par le biais d’un rituel de baptême impliquant le placement codifié de l’Ib, le cœur du bâtiment, objet de grande valeur sentimentale, traditionnelle, ou, à défaut, pécuniaire. Une note de bas de page indique que certains peuples du nord-est de la Mer Cyan utilisent traditionnellement une crémaillère ornementée en guise d’Ib, pendue dans la cheminée du foyer. Le rituel de baptême se termine par l’installation d’un Ren, nom ou symbole de l’habitation, fixé au-dessus de l’entrée principale.

Parmi les concepts, souvent abstraits, évoqués dans ce grimoire, une méthode permettant de connecter par un portail deux pièces non contiguës d’un même bâtiment est exposée assez clairement pour être mise en application. Le principe est d’équilibrer les Ha, Ka et Ba de chaque pièce pour que le passage se crée de lui-même une fois l’édifice baptisé. Cette méthode est présentée au verso. Quatre sorts castromantiques ont été couchés sur les pages jaunies du cahier, bouillonnants d’énergie architecturale. Il reste assez de pages vierges pour y placer trois autres sortilèges.

Sorts

Baptême architectural ebétéen : met en mouvement les énergies castromantiques du bâtiment, abaissant d’un cercle de puissance le coût des sortilèges castromantiques lancés en son sein et permettant aux méthodes d’agencement de prendre effet. Nécessite le placement de l’Ib et du Ren. Rituel d’une heure par cercle de puissance. La puissance est égale au nombre de pièces du bâtiment ciblé. Le coût supplémentaire doit être payé lors de l’ajout d’une nouvelle pièce.

Maçonnerie hypotesseractique de l’initiée : rituel de sept jours permettant de bâtir avec exactitude une pièce de bâtiment à partir de matériaux disponibles. La pièce doit pouvoir tenir entière dans un cube haut d’un mètre par cercle de puissance du sort. Nécessite un fil à plomb réutilisable fabriqué à partir de cheveux tressés de la castromancienne et d’une de ses dents.

Célérité architectonique septime de Baketmout : divise par sept la durée de lancement de tous les prochains sorts castromantiques tant que la castromancienne ne rentre ni ne sort d’un bâtiment. Troisième cercle de puissance. Nécessite de se couvrir le visage de poudre de brique.

Expansion castrovolumique de Vega : rituel d’une nuit multipliant de façon permanente le volume intérieur d’une pièce par la puissance à laquelle ce sort est lancé, en gardant ses proportions et sans changer son volume extérieur. Lancer à nouveau ce sort dans la même pièce remplace l’effet précédent. Nécessite que la lumière des étoiles atteigne chacune des parois de la pièce lors du lancement du sort, et que le bâtiment ait été baptisé au préalable.